Lettre à moi-même, joie d'un soir Inondée sous un tas immense de carnets, j'écoute certains de mes proches qui me conseillent sagement de partager leur contenu. Pour également combattre mon perfectionnisme aigu qui me force à rechercher les formes les plus parfaites avant de les partager : je crée cette catégorie qui se norme "note de carnet". Je pourrais sous ce titre publier de temps à autres des écrits beaucoup plus simples en fouillant les pages noircies qui m'entourent. J'espère sincèrement que ces écrits plus légers vous plairont également. Je parlerai aussi avec plaisir de l'écriture automatique (plus ou moins retravaillée ensuite), qui est une technique que j'utilise très souvent pour donner naissance à ces pensées furtives. L'œuvre est réalisée par la très talentueuse Emyshpère, je vous invite à retrouver ses créations sur son instagram shapes_of_arts Je m'écris à moi-même : ai-je raison ? Ai-je tord ? Suis-je obligée de tout remettre en question ? Comment écouter mon propre cœur ? Quelle décision prendre ? Qu'est-ce qui est bon ? Qui ne l'est pas ? Cela faisait si longtemps que je ne m'étais pas sentie bien. Je sens dans ma poitrine, mon cœur qui grandit. J'ai si peur, ce soir, de ne pas garder au creux de moi ce bonheur timide et éphémère. Je connais ce diaphragme qui est dérangé de ressentir cette allégresse qui semble aussi floue qu'un ancien souvenir. Je devine sans les libérer, au bord de mes paupières, des larmes de soulagement. L'esprit malade me dicte si souvent ses désirs inconscients. Une simple joie a la même texture que le dos d'une amie que tu n'as pas serré contre ton torse depuis des décennies. Je retiens faiblement mes poumons pour qu'ils ne respirent pas trop. Je contiens encore avec fougue dans mon ventre ces instants de joie. Je rêverais de célébrer, de laisser mes bras flotter contre l'air chaud. Mais je ne veux pas te perdre. Je tiens beaucoup trop à toi. Comment est-ce possible que la joie devienne une inconnue ? Je suis ce soir, comme noyée dans une instable sensation d'étrangeté. Je pourrais croire que dans mon sang coule la plus pure MDMA, comme alors mes yeux se posent sur chaque détail de mon environnement avec curiosité. Je regarde le chat, se lever brusquement, courir à la fenêtre, et regarder les yeux affamés les hirondelles qui volettent en cercle. Je vois cet animal se mouvoir pourtant chaque jour. Aujourd'hui, je l'aperçoit comme si c'était la première fois. Je vois son pelage, avec sa réelle couleur. Je vois ses muscles se crisper lorsqu'elle doit sauter sur la table. Je saisi ses pupilles s'ouvrir et se refermer lorsqu'elle aperçoit un mouvement d'ailes qui l'agace contre la vitre. Même la chaleur sèche du tabac, devenu écœurante, a un autre goût.
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